Le mois dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a publié son avis sur la Directive Européenne sur la Performance énergétique des Bâtiments (DEPB) – une directive clé actuellement en cours de révision par les institutions européennes, sur laquelle nous avons concentré une partie de notre campagne l’année dernière. Dans l’ensemble, la BCE soutient la directive, qui vise à améliorer la performance énergétique du parc immobilier européen. Qui plus est, certains des arguments de la BCE renforcent les principaux messages et demandes de la campagne Unlock. L’intervention de la BCE permettra-t-elle de débloquer le financement de logements plus durables et éco-responsables ?

La rénovation des bâtiments comme catalyseur d’une Europe plus stable et indépendante

La BCE insiste sur le fait que l’augmentation du rythme et de I’étendue des rénovations des bâtiments dans toute l’Europe est non seulement crucial pour atteindre l’objectif net zéro de l’UE, mais aussi pour garantir la sécurité énergétique de l’Union, en nous libérant du fardeau des énergies fossiles importées de pays autocratiques. La Banque centrale reconnaît également que les maisons économes en énergie et décarbonisées sont indispensables pour faire face aux chocs des prix de l’énergie, comme celui qui alimente actuellement l’inflation dans la zone euro.

Comme nous le soutenons depuis un an, tous ces points peuvent être résumés en un seul concept : les institutions de l’UE doivent œuvrer conjointement pour que nos logements deviennent plus performants sur le long terme. Cela permettra à des millions de personnes de sortir de la précarité énergétique et de faire baisser le coût de la vie, tout en luttant contre la crise climatique et en garantissant un avenir plus durable, plus sûr et plus stable.

L’inefficacité énergétique, un risque pour la stabilité financière

Un point important ressort clairement de l’avis de la BCE, à savoir que l’inefficacité énergétique des logements est également un facteur d’instabilité financière. 

Les derniers résultats des tests de résistance climatique de la BCE ont déjà montré que les banques peuvent être confrontées à une vague d’insolvabilités sur leurs prêts hypothécaires, car les prix élevés de l’énergie frappent les personnes vivant dans des maisons énergivores. Nous avons montré que ces observations devraient inciter les institutions européennes et les gouvernements à s’assurer que les banques développent des stratégies pour aider leurs clients à rénover leurs logements. Nous avons également demandé aux décideurs politiques de l’UE et aux États membres de s’engager à rendre accessibles les informations sur les certificats de performance énergétique (CPE), et demandé aux banques de commencer à collecter ces données.

Dans son dernier avis, la BCE soutient la demande visant à ce que les institutions financières et de crédit puissent accéder aux CPE, ce qui les aiderait à améliorer leur évaluation des risques liés au climat.

L’importance de stimuler les financements abordables pour la rénovation énergétique des logements

Nous saluons le fait que la BCE ait eu son mot à dire sur une directive aussi cruciale. C’est le signe qu’une directive ambitieuse est nécessaire pour atteindre les objectifs environnementaux de l’UE, mais aussi pour revenir à des prix stables et pour sauvegarder la fiabilité de notre système financier.

La BCE elle-même ne doit cependant pas oublier qu’elle peut également jouer un rôle plus proactif en veillant à ce que le financement des projets verts – tels que la rénovation énergétique des bâtiments – soit soutenu par des taux d’intérêt plus bas. Nous poursuivrons notre combat en ce sens.

Pour l’instant, c’est au tour du Parlement européen, dont la commission de l’industrie et de l’énergie votera sa position sur la directive EPBD le 9 février.